Après mon article sur le blaireau, j’ai voulu vous parler du brame du cerf.
La saison du brame du cerf est toujours un rendez-vous très attendu par les naturalistes et les photographes animaliers. C’est un moment particulier, qui dure trois à quatre semaines, et qui transforme en profondeur la forêt.
Quand le roi entre en rut, il oublie tout. Il oublie souvent de se nourrir, il oublie sa légendaire discrétion, il passe son temps à rassembler la plus grande harde possible et à la défendre contre ses congénères qui voudraient lui prendre sa place.
Une saison du brame du cerf particulière
Dans les Hautes-Vosges, le brame 2018 a été assez particulier, certainement en raison de la chaleur et de la sécheresse incroyable qui y sévit. Si à la mi-septembre, on a pu voir une harde de 30 biches sous la ferme du Hahnenbrunnen, elle a été rapidement réduite de moitié, avant de disparaître à partir du 3 octobre. Sans doute qu’il n’y avait pas assez à manger sur les pâturages.
Sur de nombreuses places de brame, le constat a été le même : on entendait de nombreux cerfs, mais on les voyait très peu, pour la simple raison que les biches n’étaient pas présentes. La nourriture était certainement bien plus abondante au cœur de la forêt…
Cela n’a pas empêché quelques images, avec une série exceptionnelle dans ma planque, installée de longue date dans une petite clairière dans la forêt. L’avantage de l’affût est que l’on est intégré à l’environnement. Les chances de se faire identifier en tant qu’humain sont alors beaucoup plus faibles qu’à l’approche, à condition toutefois que le vent soit favorable.
Avec de la patience, de la persévérance, on peut être très proche des animaux, sans les déranger. C’est ce qui m’est arrivé le 1er octobre dernier, dans ma planque installée quelque part sur les crêtes vosgiennes. Ce jour-là était froid, humide.
Juste ce qu’il fallait pour provoquer la chance. On dit que les cerfs sont plus visibles par temps de pluie, comme s’ils savaient que les hommes sont bien moins nombreux à les pister ces jours-là. Un superbe 14 cors irrégulier était présent et a fait plusieurs passages au cœur de la clairière, parfois à moins de 20 mètres de l’affût. Trois jours plus tôt, un 6 cors, sans doute un vieux cerf qui « ravale », avait aussi été aperçu à la lisière, sans daigner se montrer au cœur de la clairière.
Les cerfs que j’ai aperçus
J’ai aussi eu l’occasion de croiser en fin de brame un cerf très amaigri. On dit que durant le rut, les cerfs arrêtent de s’alimenter, pouvant alors perdre plus de 30% de leur poids. Invité par Daniel Nussbaum, un photographe bien connu de la vallée de la Thur, nous avons eu un peu de chance lors d’un affût matinal du côté d’Oderen.
De nombreux autres cerfs ont été également aperçus durant cette saison 2018, que ce soit depuis la route des Crêtes ou lors de quelques approches. Mais la lumière a alors le plus souvent manqué, que ce soit de bon matin ou à la tombée de la nuit, afin de faire des clichés intéressants.
Désormais, il reste 11 mois à patienter pour vivre une nouvelle saison de ce qui reste un formidable phénomène de la nature. Passionnant, sublime, envoutant.
Merci, Marc (permettez-moi de vous appeler Marc plutôt que monsieur Wib) de ces quelques lignes simples et sans artifice mais qui me replongent immédiatement dans l’ambiance du brame que je vis également, chaque année depuis 30 ans, dans les montagnes vosgiennes, plutôt côté La Bresse. Même si je connais tout ce que vous dites, j’aime le lire et le relire, comme pour le revivre, encore et encore, comme nous tous passionnés du brame, passionnés du cerf, passionnés de la nature. Mais il est également intéressant de lire votre sentiment qui corrobore le notre (mon mari et moi), année difficile en effet, animaux restant plus dans le couvert que d’habitude…
Bravo Marc, sublime tout simplement. Le plus beau spécimen que tu as pris à cet endroit en photo était un bipède. Il devra persévérer pour arriver à faire aussi bien ! A bientôt et encore félicitations pour ton site